Au-delà de l’IMC: nouveaux critères cliniques de diagnostic de l’obésité
L’obésité est un état de santé complexe qui a longtemps été évalué à l’aide de l’indice de masse corporelle (IMC). Cependant, les résultats récents d’une étude intitulée « Définition et critères diagnostiques de l’obésité clinique », publiée par The Lancet Diabetes & Endocrinology le 14 janvier 2025, suggèrent que l’IMC pourrait ne pas être l’outil le plus précis pour diagnostiquer l’obésité. Cet article se penche sur les résultats de l’étude et explore des méthodes plus complètes pour évaluer l’obésité.
L’obésité: un enjeu de santé mondial
L'obésité a été officiellement reconnue comme une maladie par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), depuis 1948. Pourtant, bien que l'obésité soit de plus en plus considérée comme une maladie, la question de savoir si elle doit réellement en être une, ou simplement être un facteur de risque pour d'autres maladies, reste très controversée.
En reconnaissant l’obésité comme une maladie, nous pouvons nous concentrer sur des traitements ciblés plus efficaces et faire preuve de plus de compassion au sain de la société, afin de réduire la stigmatisation liée à au poids.
Les limites de l’IMC
IMC calcule la masse corporelle en fonction de la taille et du poids. Bien qu’il soit simple à utiliser, il ne tient pas compte de facteurs comme la masse musculaire, la répartition des graisses (localisation?) ou les variations individuelles de santé. Cela peut conduire à des classifications erronées, où les individus musclés sont étiquetés comme étant en surpoids ou obèses, et ceux avec un IMC normal mais un pourcentage élevé de graisse corporelle, ou entourant les organes, sont négligés.
Pourtant il existe 2 types d’accumulation de graisse corporelle:
Sous-cutanée
Celle qu'on peut voir et pincer sous la peau. Les surplus de graisse s'emmagasinent normalement dans la graisse sous-cutanée, un réservoir qui capte les excédents d'énergie pour les stocker dans les adipocytes (cellules adipeuses). Bien que ce soit souvent une question d’esthétique, elle n’est pas vraiment dangereuse pour la santé. Toutefois, en excès, elle peut mener à l'obésité.
Viscérale
Elle représente un excès d'énergie que le corps ne sait pas trop où stocker. C’est celle qui se loge profondément dans l'abdomen, autour des organes comme le foie, le pancréas et les intestins. Elle peut être liée à des maladies graves comme les maladies cardiaques, le diabète de type 2, l’hypertension, les AVC, etc.
Faire appel à des critères de diagnostic exhaustifs
Les chercheurs recommandent d’intégrer des mesures supplémentaires telles que la circonférence de la taille, le rapport entre la taille et la hanche et le rapport entre la taille et la hauteur. Ces mesures fournissent des renseignements sur la répartition de la graisse, en particulier la graisse abdominale, qui est étroitement liée aux risques pour la santé comme les maladies cardiaques et le diabète.
Catégories de diagnostic proposées
Pour mieux identifier et traiter les personnes atteintes d’obésité, l’étude propose deux catégories :
Obésité clinique
Cette catégorie comprend les personnes qui ont un excès de graisse corporelle ayant des répercussions directes négatives sur la santé, entraînant des troubles tels que l’altération du fonctionnement des organes ou une réduction de la qualité de vie. Ces problèmes sont probablement dus à l'inflammation dans les tissus adipeux (cellules graisseuses), ce qui peut affecter des organes et provoquer l'apnée du sommeil, les maladies cardiovasculaires ou le diabète de type 2. Cette catégorie nécessites des interventions de traitements ciblés dont des changements de mode de vie, des médicaments ou même parfois une chirurgie.
Obésité préclinique
Ce groupe comprend les personnes ayant un excès de graisse corporelle qui ne présentent pas actuellement de troubles de la santé, mais qui sont à risque accru de développer des problèmes de santé futurs. Ici, la mission des professionnels de la santé est de surveiller leur santé, fournir des conseils sur la gestion du poids et prévenir les risques futurs.
Cette approche permettra une prise en charge garantissant que chaque individu reçoive le traitement adapté à sa situation de santé actuelle.
L’importance de l’évaluation personnalisée
L’étude souligne la nécessité d’évaluations personnalisées de la santé. Des facteurs tels que l’âge, le sexe, l’origine ethnique et l’état de santé individuel devraient être pris en compte pour diagnostiquer l’obésité. Cette approche personnalisée peut mener à des plans de traitement plus efficaces et adaptés aux besoins individuels.
L’adiposité viscérale (graisse autour des organes) a des effets délétères sur la santé. Cela peut affecter toutes les personnes, peu importe l’IMC. À tout IMC et tour de taille, une faible condition cardiorespiratoire est d’ailleurs le facteur le plus important pour prédire la morbidité et la mortalité!
Conclusion
Le fait de se fier uniquement à l’IMC pour diagnostiquer l’obésité est de plus en plus considéré comme insuffisant. La prise de mesures supplémentaires et l’adoption d’une approche personnalisée peuvent mener à des diagnostics plus précis et à de meilleurs résultats pour la santé.
Si vous êtes préoccupé par votre poids et son impact sur votre santé, envisagez de consulter un professionnel de la santé qui pourra vous fournir une évaluation complète. Le diagnostic précoce et les soins personnalisés sont des étapes clés pour améliorer la santé.
Restez informé et soyez proactif au sujet de votre santé. Partagez cet article pour faire connaître l’évolution des connaissances sur le diagnostic de l’obésité.
Référence
Rubino, F., Cummings, D. E., Eckel, R. H., Cohen, R. V., Wilding, J. P. H., Brown, W. A., Stanford, F. C., Batterham, R. L., Farooqi, I. S., Farpour-Lambert, N. J., Roux, C. W. L., Sattar, N., Baur, L. A., Morrison, K. M., Misra, A., Kadowaki, T., Tham, K. W., Sumithran, P., Garvey, W. T.,. . . Mingrone, G. (2025). Definition and diagnostic criteria of clinical obesity. The Lancet Diabetes & Endocrinology. https://doi.org/10.1016/s2213-8587(24)00316-4